La vitesse ascentionnelle

Repères

La vitesse ascensionnelle (Va) est la vitesse à laquelle le traileur se déplace d’un point bas A à un point B situé plus en hauteur : Va = dénivelé positif réalisé / 1h. Cette Va s’exprime en mètres par heure. Pour donner un ordre de grandeur, nous pouvons retenir ces quelques valeurs :

  • En trail, en fonction de la distance, de la pente et du niveau de l’athlète, les moyennes peuvent varier de 300 à 1600 m/h.

  • Sur un format de type « kilomètre vertical », les vitesses ascensionnelles moyennes avoisinent les 2000 m/h pour les meilleurs.

Quelques notions de bio-mécanique

A ce stade de notre réflexion, un peu de bio-mécanique permet d’y voir plus clair (« ou pas »). Un coureur (ou marcheur) qui évolue sur une pente α est soumis à son propre poids (P) ainsi qu’à la réaction du sol (R) (on néglige ici la résistance à l’air). La résultante de ces 2 forces nous donne une force (f). C’est cette dernière qui va s’opposer au déplacement du coureur. On peut conclure de tout cela :

  • Que plus la pente sera élevée (angle α important), plus la projection du vecteur P sur l’angle de la pente sera importante, donc plus la force (f) sera importante ;

  • Que plus le coureur sera lourd, plus la force (f) sera également importante.

En définitive, plus le coureur est lourd et plus la pente sera élevée, plus l’effort demandé sera important.

La vitesse ascensionnelle

Les forces appliquées au coureur

Vitesse ascensionnelle et pente

Après la bioméca, les mathématiques ! Oulàlà… ça devient compliqué le trail ! Mais non, rappelez-vous de ce bon vieux Pythagore ! Peut-être a-t-il mis au point son théorème en regardant un coureur gravir une montagne ? Je m’égare… Prenons pour exemple un parcours de kilomètre vertical et d’une distance totale de 2236m. On serait tenté de dire que la pente est de 1000/2236m, soit 44%. Or cette distance de 2236m, mesurée par exemple avec notre gps est en réalité l’hypothénuse. Et comme nous le disait le susnommé, « le carré de la longueur de l’hypoténuse étant égal à la somme des carrés des longueurs des côtés de l’angle droit », on en déduit que la longueur horizontale du parcours est de 2000m. Vous me suivez?

La vitesse ascensionnelle

Pythagore au service du traileur

Ce parcours présente donc une pente de : 1000m/2000m soit 50% (soit tout de même 6% de plus que le calcul précédent). Attention aux confusions trop fréquentes, ce 50% est différent de la mesure de l’angle β. Je vous passe la démonstration de trigonométrie que seuls quelques ultra-trailo-scientifiques seraient en mesure de suivre (j’en connais!!), mais dans ce cas concret β = 26°.

Pour les nuls en math (on ne peut pas être bons partout) résumons : un parcours de 1000m de D+ d’une distance horizontale de 2000m (distance réelle de 2236m) présente une pente moyenne de 50% et un angle de pente de 26°.

Tout ceci étant dit, quelle pente permet d’avoir la vitesse ascensionnelle la plus élevée ? Car si une faible pente permet de courir plus vite, on se doute bien que la distance à parcourir est telle qu’elle ne permet pas d’avoir une Va élevée. A l’inverse, un grimpeur (escalade) n’a jamais détrôné un marcheur sur Kilomètre Vertical.

La pente optimum se situe donc entre ces 2 extrêmes. Elle est par ailleurs totalement dépendante des qualités propres de l’athlète. Certains sont de bons coureurs, bénéficiant de qualités de renvoi exceptionnelles. Une pente inférieure à 25% leur sera préférable. D’autres, au profil souvent moins athlétique, sont de piètres coureurs mais d’excellents marcheurs. Nous pouvons l’avouer, nous avons tous au moins une fois pleuré face à ce genre d’individu, du genre randonneur, nous doublant d’une facilité déconcertante dans une pente raide !

En réalité l’optimum de pente pour une Va se situe entre 30 et 60% de pente. Pour information, les records du KV ont été établis à Fully, sur une pente moyenne de… 61,7%.

La vitesse ascensionnelle

Tracé des différentes performances de Christel DEWALLE, détentrice du record féminin du KV (source P.BALDUCCI)

Je ne vous ferai pas l’affront de calculer le degré de l’angle de pente, mais 61,7%  cela fait tout de même une sacrée côte ! Cela s’explique notamment par le fait que la marche, adoptée spontanément par tous entre 20 et 30%, offre un avantage de taille : son coût énergétique est moindre. Comme le traileur n’est plus obligé de décoller du sol à chaque pas, l’énergie consacrée au déplacement est moins dispendieuse. 

La vitesse ascensionnelle

Coût énergétique en fonction de la pente. C’est entre 30 et 35% de pente que le coût énergétique est le plus avantageux (Véronique BILLAT).

Conclusion

La vitesse ascensionnelle, aussi importante soit-elle en trail de montagne, n’en est pas moins une donnée difficile à manipuler. Car pour un même coureur et une même condition physique, celle-ci différera en fonction du % de pente et du mode de locomotion adopté (marche ou course). Le sujet n’a pas été évoqué ici, mais l’altitude jouera également de son influence. Attention donc à bien prendre en considération ces différentes caractéristiques pour les traileurs scrutant leur Va instantanée sur leur montre. Il s’agit d’une information supplémentaire, à croiser nécessairement avec d’autres données.

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