LA VMAa

Nous avons vu dans un article précédent l’importance de la vitesse ascensionnelle en trail. Focalisons-nous maintenant sur une autre donnée essentielle : la Vitesse Maximale Aérobie Ascensionnelle.

La VMAa

Intérêts, caractéristiques et mesure

La Vitesse Maximale Aérobie ascensionnelle, ou VMAa, est à la vitesse ascensionnelle ce que la VMA est à la vitesse horizontale : une donnée essentielle propre au coureur lui permettant de formaliser une progression. Il s’agit donc de la vitesse ascensionnelle minimale permettant d’atteindre le VO2max (débit d’oxygène maximal d’un individu). Tout comme la VMA, la VMAa correspond à une allure pouvant être maintenue environ 6 minutes. Il s’agit d’ailleurs d’un test relativement fiable permettant de déterminer sa propre VMAa. Sur le même principe que le demi-Cooper (test de 6 min sur plat), le principe est de réaliser le plus important dénivelé positif possible en 6 minutes. Puis de multiplier le résultat par 10. Par exemple 160m D+ en 6 minutes donneront une VMAa de 1600m/h.

A chaque pente sa VMAa

Mais si la VMA peut être une donnée relativement fiable et reproductible, il n’en est pas forcément de même avec la VMAa. Cette dernière est en réalité étroitement liée au pourcentage de la pente. Au regard du tableau ci-dessous, on peut observer que le coût énergétique diffère en fonction de la pente.

La VMAa

Coût énergétique en fonction de la pente (V.BILLAT)

De ce tableau l’on en déduit qu’il existe une VMAa de marche, ainsi qu’une VMAa de course. En poussant le raisonnement, chacun de nous possède une VMAa à 1%, une VMAa à 2%, etc…

Mais de façon schématique, retenons que :

  • Jusqu’à 15% de pente, la VMAa est proportionnelle à la VMA. Un bon coureur sur plat aura de fortes chances d’être d’un bon niveau sur une faible pente ;
  • Au-delà de 15% de pente, la VMAa devient une qualité à part entière, de moins en moins corrélée à la VMA au fur et à mesure que la pente croît ;
  • C’est pour une pente de 30 à 35% que la VMAa sera la plus avantageuse, le coût énergétique étant le moins important ;
  • Au-delà de 35%, là où la marche s’impose, certains athlètes, au profil « marcheur », peuvent avoir une VMAa plus importante que de bons coureurs. 

VMA, VMAa et VO2max

Il existe une relation entre la VMAa et le VO2max (débit maximal d’oxygène). Cette formule a été mise au point par Véronique BILLAT. La VMAa est divisée par 60 pour avoir une distance en minute. A cette donnée, nous multiplions le coût énergétique par mètre vertical (cf tableau précédent). Enfin, il s’agit d’ajouter la consommation d’oxygène au repos, laquelle représente environ 5 ml d’O2/ kg. Au final, l’équation est la suivante :

VO2 max = VMAa/60 x CEmV + 5

Reprenons l’exemple de notre coureur ayant une VMAa de 1600m obtenue sur une pente de 25%. Son VO2 max sera de : (1600/60) x 2,2 + 5 = 63,7 ml/min/kg.

Allons maintenant jusqu’au bout de la logique. A l’instar de la VMAa, il existe une autre formule bien connue mettant en relation la VMA et le VO2 max : VO2max = 3,5Xvma. Si VMAa et VMA sont dépendantes de la VO2max, il est alors possible d’établir une équation entre VMA et VMAa. Je vous passe le raisonnement mathématique (décidément ce thème sur l’ascension est compliqué), mais on obtient au final :

VMA=(((VMAa/60) x CEmv) + 5) x 3,5

A l’inverse : VMAa = ((3,5 x VMA – 5) x 60) / CEmv

Par exemple un coureur ayant une VMA de 16, aurait selon cette formule une VMAa sur pente à 15% estimée à : ((3.5*16-5)*60)/2,9 = 1055 m/h

Malheureusement ces données manquent de fiabilité. Nous l’avons dit, certains athlètes ont un profil coureur, d’autres un profil marcheur. Etablir une relation entre les 2 parait hasardeux. De façon plus rationnelle, Véronique BILLAT propose un tableau de correspondance entre VO2 max, VMA et VMAa dont voici un extrait : 

La VMAa

Correspondances entre VO2 max, VMA et VMAa, selon V.BILLAT (L’entrainement en pleine nature ; 2005)

Pour autant ces valeurs ne sont pas non plus à prendre au pied de la lettre, ce tableau étant souvent reproché de surestimer les vitesses d’ascension. Par ailleurs, il est impensable de croire que les meilleurs traileurs, possédant des VO2 max supérieures à 80, réalisent tous des performances inférieures à 30’ au 10 km et à 2h15 sur marathon. Ce qui est vrai de tout athlète l’est encore plus du sportif confirmé : on est spécialisé « coureur » ou « grimpeur ».

Conclusion

Nous l’aurons compris, connaitre sa VMAa passe par un test de terrain et ne s’applique que pour une certaine pente. Cette VMAa étant connue, son véritable intérêt se résume finalement en 2 points :

  • Mesurer les progrès réalisés ou non suite à un cycle de développement ;
  • S’entrainer avec des valeurs objectives. Il est alors possible de faire un parallèle avec le développement de la VMA : des fractions inférieures à 1’ pourront être courues (ou marchées) à une vitesse supérieure à la VMAa, des fractions de 1’ à 2’30 s’effectueront entre 95 et 100% de la VMAa, etc…

A retenir

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